Comme un symbole. Quoi de mieux que les Jeux Olympiques de Paris 2024 pour rallumer laflamme Cassius ? Éteinte bien logiquement après le décès tragique de Philippe “Zdar”Cerboneschi en juin 2019, elle brûle à nouveau de mille feux grâce à la volonté de Hubert“BoomBass” Blanc-Francard, l’autre membre du duo, de raviver ce nom légendaire de lafrench touch et pas seulement le 8 septembre pendant la Cérémonie de Clôture des JeuxParalympiques, première apparition de ce Cassius réinventé. Le déclic est intervenu aucours des nombreux DJ’s sets effectués ces derniers mois en France et à l’étranger parHubert en trio avec ses deux camarades Étienne de Crécy et Falcon. Les réactionsdithyrambiques du public lorsqu’il jouait les tracks de Cassius l’ont convaincu que l’histoirene pouvait pas s’arrêter là.
La mise sur orbite d’une sorte de Cassius 2.0. Vingt-cinq ans après le premier album 1999,un classique french touch, joyeux exemple de cette époque bénie pour la house filtréetruffée de samples, illustré par les hits “Foxxy”, “Feeling For You”, “La Mouche” ou bien sûr“Cassius 1999”. Les deux hommes, par ailleurs producteurs et ingénieurs du son, se sont rencontrés en studio, logique, en 1988. Le tandem est aux manettes derrière le légendaireProse Combat de MC Solaar (1994). La preuve que chez eux depuis toujours les musiquesélectroniques et le hip-hop viennent de la même famille. Ce pont entre les deux univers, lesdeux amis le concrétisent sur Au rêve (2002) où l’on retrouve le rappeur du Wu-Tang Clan,Ghostface Killah sur “Thrilla”. Un disque audacieux aux multiples invités (dont MathieuChedid alias M, le début d’une longue collaboration qui lui vaudra le surnom de “troisièmeCassius”) avec les pépites “I’m a Woman”, “Under Influence” et le gros hit “The Sound ofViolence” avec l’Anglais Steve Edwards.
Sans jamais arrêter de sillonner la planète pour des DJ’s sets enflammés de New York àIbiza, les deux complices mettent quatre ans pour concevoir 15 again (2006) à l’allure decure de jouvence très pop-soul avec une grande nouveauté, Zdar au micro. Comme surl’inoxydable “Toop Toop”, que l’on entend encore aujourd’hui en berceau sonore d’unepublicité ou d’un reportage télé. On note aussi que les compères ont eu du nez en allant chercher Pharrell Williams sur “Eye Water”, longtemps avant le raz de marée “Happy”.Sorti sur Ed Banger le label de leur ami Pedro Winter, le succès de The Rawkers EP (2010)avec l’incontournable “I <3 U SO” (samplé par Kanye West et Jay Z sur le projet Watch TheThrones) marque un tournant. Ce titre irrésistible démontre que Cassius réunit maintenantsur le dancefloor plusieurs générations. Celle qui est née avec la french touch et la plusjeune qui s’éclate dans les warehouses. Une belle prouesse.
Hommes de défis, Hubert et Philippe surprennent encore en 2016 avec l’ambitieux Ibiforniaun manifeste foufou très Pop avec un grand P. Une œuvre monumentale avec laparticipation notamment du Beastie Boy Mike D et de la chanteuse Cat Power. La réalisationd’une sorte de fantasme où Cassius joue avec toutes ses influences électronico-rock-soulpour inventer de manière ludique la bande son ensoleillée du temps présent. Trois ans plus tard, plus spontané, mais toujours sans oeillères Dreems ramène leur musique vers l’énergie de leur house originelle tout en en conservant le format “pop” qui leur est cher.
Peut-être leur meilleur album. Une tournée triomphale aurait pu, dû, suivre. Sauf que la vie,qui est souvent cruelle, voit disparaître Philippe Zdar, quelques jours seulement avantl’arrivée dans les bacs de cet ultime album, laissant bien malgré lui son frère de son dans ladétresse la plus totale.
Hubert doit se reconstruire. Son autobiographie BoomBass une histoire de la french touch sortie en août 2021 en est la première pierre, mais du temps est nécessaire avant que “Cassius” ne soit plus uniquement pour lui synonyme de ce drame terrible. C’est en ayant lacertitude qu’il ne fallait pas laisser s’éteindre un nom qui résonne toujours sur lesdancefloors du monde entier que BoomBass lance en cette fin 2024 le grand retour deCassius. Avec la parution d’un best of le 11 octobre mais aussi la première date du CassiusClub quelque jours plus tôt, le 9, au Rex Club à Paris. Ce concept sera décliné bientôt dansles clubs du monde entier où Hubert sera entouré par ses nombreux amis mais aussi pardes nouveaux talents. Avant de multiples surprises prévues pour 2025. Réjouissons-nous.La baseline “Cassius rockin’ non-stop since 1999” est à nouveau d’actualité.