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02.03.04.
août 2024

Mentissa

03/08

Mentissa

« Comment on s’écrit quand on a la vingtaine ? / Comment on s’décrit quand on s’connaîtà peine ? », se questionne-t-elle en ouverture d’album. La jeune fille n’est pourtant pas dugenre à se draper dans le mystère ou cultiver le secret. De toute façon, La vingtaine etses onze chansons restent le meilleur moyen pour débusquer des vérités sur elle etpermettre par la même occasion une identification caressante tant le disque dessinepresque essentiellement un autoportrait. Se brancher au quotidien sur la fréquenceMentissa, c’est l’assurance d’être en présence de quelqu’un à la vivacité pétaradante, à laspontanéité salvatrice, au verbe volubile et au capital sympathie instantané. Une sacréenature, comme on en croise rarement, déterminée à un envol artistique dès l’enfance.Elle grandit dans la banlieue bruxelloise, dévore Disney Channel, danse beaucoup,s’imagine cheerleader jusqu’à ce qu’elle tombe sur la série Glee à l’âge de douze ans.Une révélation. La chambre comme premier refuge pour chanter, la mère commepremière spectatrice clairvoyante. Trois ans plus tard, elle participe à The Voice KidsBelgique et ramène la coupe à la maison.

Eprise du hasard, Mentissa ne se contente pas de l’accueillir, mais le réclame.D’abord un refus catégorique lorsqu’une casteuse lui propose de figurer dans la versionfrançaise adulte du même télé- crochet. La suite, on la connaît : une place décrochée enfinale lors de l’édition 2021 et une connexion lumineuse avec Vianney, son coach siimpliqué dans son aventure. Tout se noue avec une fluidité confondante entre eux, enproie avec des affinités immédiates, un alignement intime, un état d’esprit similaire etinhérent à la passion. Il la prend sous son aile, enregistre avec elle une reprise d’AxelleRed (Parce que c’est toi sur la réédition de l’album N’attendons pas). Et dégaine sansqu’elle le sache Et Bam, offrande écrite sur-mesure. Cette chanson-là, Mentissal’interprétera sur toutes les dates de la tournée des Zénith de Vianney et sur la scène del’Accor Hotel Arena. Directement le grand saut devant un public de masse et déjà uneaisance confondante. Cette chanson-là, vibrante et à l’intensité crescendo,personnelle et effet miroir de sa trajectoire, est une vraie mise en orbite pour la chanteusebelge de vingt-trois ans (trente millions de streams).

Au sommet de son panthéon trône l’incontournable Adele suivi pêle-mêle de Ed Sheeran,Anne-Marie ou Olivia Rodrigo. Ce son de pop anglaise, elle désire l’injecter à sonalbum, le faire entrer en collision avec  la  variété  française.  Deux  séances  de  travail  sont  planifiées  à  Londres    elle  collabore notamment avec Eg White, musicien-producteur au CV à faire pâlir le jour (Adele, Sam Smith, Céline Dion, Kylie Minogue…)et Blair Mackichan (The Greatest de Sia, Ma philosophie d’Amel Bent). La deuxièmesession s’avère même déterminante puisque là-bas Mentissa fait sauter les verrous desa crainte à écrire en français. Celle qui s’avère aussi compositrice et dit « trifouiller » à laguitare ne sera pas qu’interprète des mots de Joseph Kamel, Vincha, LaurentLamarca et Vianney. Du souffle, du panache, de la délicatesse. Mentissa joue de la bascule entre les grandes envoléesorchestrales et les ballades crève-cœur. Toujours animée d’une force libératrice et decette voix puissante, intime, éclairée, capable de rendre intelligibles les plus finesnuances. Elle convoque ici ses interrogations, ses repères, ses liens, ses peurs. Frontaleet déchirante lorsqu’elle s’attaque dans Balance au complexe du poids et aux jugementscoupables (Toi qui sais que je m’affame/Pour un chiffre à deux larmes/Qui n’est jamaiscomme il faut/D’en bas tu me regardes…). Lucide et dopée par une rythmique pop-soul lorsqu’elle dresse le constat d’une société pressée carburant à l’urgence et auzapping (Attendez-moi). Tendresse diffuse lors de cette adresse à ses deux frères quiprend l’allure d’une comptine (Petit prince). Ou ce cœur qui ne va cesser d’oscillerentre ses deux villes d’attache (Paris-Bruxelles), titre qu’on pourrait considérer commeun prolongement d’Et Bam. Il y a encore cette naissance d’une idylle projetée dansl’avenir (Premier janvier), ce rapport à la simplicité et aux petites choses ordinaires(Exceptionnel), cette invitation au lâcher-prise mental (Le bruit du silence) ainsi quedeux morceaux davantage détachés d’elle concernant l’incompatibilité d’humeur dans uncouple (Prends-moi la tête et sa mélodie galopante) et le mordant d’une femme trompée(Mamma mia, chanson fougueuse à souhait et signée Vianney).   A la manière d’uneprofession de foi, elle clame dans le refrain de La Vingtaine : « Faut qu’je vive encore». Qu’elle sache aussi qu’elle a déjà de solides atouts dans son escarcelle pourtraverser sereinement l’existence.